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Du Placet à Pétain, à la presse fasciste
Pour excuser le
fameux
Placet au maréchal Pétain,
le Grand Druide actuel le cite in extenso, avec toutes les signatures, en
présentant la signature de Taldir parmi toutes les autres et, selon la coutume
du mouvement breton, trouve dans le lot deux personnes qui furent arrêtées par
les Allemands : cela permet de laisser croire qu’il s’était laissé entraîner à
signer, parmi bien d’autres. Il ne reste plus qu’à déplorer des sympathies
pétainistes, sans doute déplorables, mais si partagées. D’où le sous-titre du
volume : Le Grand Druide était innocent.
Cependant, si
nous lisons la presse collaborationniste, nous constatons que L'Heure
Bretonne n° 32, du 15 février 1941
(Une
et p. 2),
relaie avec enthousiasme le placet de Jaffrenou à Pétain sur les "revendications
bretonnes". Il importe de rappeler que L’Heure Bretonne n’est pas
n’importe quel journal : c’est l’organe du Parti national breton soutenu par les
nazis. Et ce numéro n’est pas un numéro quelconque non plus puisqu’on y trouve
l'article
"Moco + Juive = Breton",
qui voit la dénonciation de Madame de Toulouse-Lautrec comme juive. Jaffrenou
collabore sans états d’âme à L’Heure Bretonne.
QU’EST-CE QUE LE
PSEUDO-RÉGIONALISME MODÉRÉ QUE PRÉTEND DÉFENDRE TALDIR ?
Un document
trouvé par Henri Fréville, publié dans son livre récemment réédité,
Archives secrètes de Bretagne
(éditions Ouest-France) permet d'éclairer la présence de Jaffrenou tant dans
L'Heure Bretonne que dans La Bretagne de Fouéré et Guillemot :
Baron Hans von
Delwig Tiesenhausen
section de Propagande France, groupe S.O.,
bureau local de Rennes
Paris, le
13-12-1940
Cher Monsieur von Roeder,
Suite à notre conversation, je vous adresse ici, pour
votre information, quelques notes sur l’état des affaires bretonnes :
1° depuis le mois d’octobre, je me suis efforcé de
rassembler et d’unifier les autonomistes modérés. J’y ai largement réussi.
Les résultats essentiels que je peux vous annoncer sont : la fondation d’un
nouveau journal (le quotidien "La Bretagne", à Rennes), la fondation d’un
Comité économique des intérêts bretons et le début de fondation d’un parti
modéré. Ce parti pourrait toucher des milieux notablement plus vastes que ne
pouvait le faire le groupe précédent dirigé par Debauvais et Mordrel.
Le journal qui va être fondé (il paraîtra vers le 15
janvier) le sera principalement avec la participation de Yann Fouéré et de
Jacques Guillemot.
2° Pour qu’une organisation modérée soit efficace, il est
nécessaire que l’organisation extrémiste subsiste et continue à bénéficier
de soutien. On m’a promis 200 000 F pour continuer à soutenir L’Heure
Bretonne qui, depuis que le bureau de l’Abwehr lui a retiré son appui, se
trouve sans soutien ; mais il faut aussi faire en sorte que l’organisation
extrémiste, en tant que telle, bénéficie de notre aide.
Le meilleur spécialiste est certainement le docteur
Wagner. Comme le bureau de l’Abwehr ne fera plus appel à ses services, il
faudra le caser autre part. J’apprends qu’il serait possible de le rattacher
à l’Institut culturel allemand (docteur Epting). Cette solution conviendrait
certainement tout à fait. A ma connaissance, l’ambassadeur a l’intention
d’en parler aujourd’hui à M. le docteur Best, directeur ministériel.
3° afin de permettre au mouvement breton de se développer
sans heurts et, aussi, afin de lui laisser le temps de se réorganiser
solidement sous la nouvelle direction de Raymond Delaporte, il serait tout à
fait souhaitable que Debauvais et Mordrel se voient accorder l’occasion de
faire "le séjour d’étude" en Allemagne qu’avait proposé le bureau de l’Abwehr,
et ce d’autant plus que la majorité de leurs anciens partisans se sont
clairement exprimés en ce sens, estimant que "ce serait très bien, si les
deux hommes se retiraient pour un certain temps".
Je vous serais reconnaissant d’examiner ces propositions
et, éventuellement, de mettre d’autres projets en train.
De mon côté, je pars aujourd’hui en congé jusqu’au 27-12,
et je me permettrai, à mon retour, de vous demander une entrevue.
Heil Hitler !
Votre très dévoué
Hans von Delwig Tiesenhausen
Henri
Fréville, « Archives secrètes de Bretagne 1940-44 », p 68-69, édition 2004
Document cité : Archives Nationales, A.J. 40-547. Fac-similé entre p. 168 et
169, dernier document. |
Il s’agit de
favoriser les visées séparatistes tout en se servant d’un régionalisme
d’apparence aimable. Et donc de créer un journal en quelque sorte intermédiaire.
A ce sujet, voir notamment "Les Allemands en France" de Jacques Lorraine
(pseudonyme du chef du service des publications de la France combattante à
Londres) :
Tout en jouant la
carte du druidisme éternel, Jaffrenou s’inscrit dans une politique qu’il sert en
pleine conscience, et en pleine connaissance de cause.
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