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1923 - le drapeau gwenn-ha-du et le « génie racique »

 

« Pour un drapeau de l'U.Y.V. » (Breiz Atao)

En 1925, c'est par ce titre, « Pour un drapeau de l'U.Y.V. », que Breiz Atao annonce :

« On a vu dans notre dernier numéro l'intéressante initiative que nous devons à un groupe de nos amis les plus sûrs, et particulièrement à Ronan Rickwaert » [21]

En 1925, nous en sommes déjà, en fait, à l'adoption publique du "nordisme" et de sa croix gammée, comme nous le verrons plus loin. Mais en réalité, ce drapeau est élaboré en 1923, par Rickwaert et Marchal :

« (…) le drapeau semé d'hermines a été l'emblème officiel du duché de Bretagne (…). Pourtant, les jeunes de Breiz Atao veulent l'abandonner, à cause de la confusion (…) avec les fleurs de lys des royalistes. Marchal et Rickwaert trouvent dans les armes de la ville de Rennes matière à inspiration : " (…) au coin gauche du drapeau, neuf bandes égales alternativement noires et blanches, couleurs traditionnelles, lesquelles bandes représentent les blanches, les pays bretonnants : Léon, Trégor, Cornouaille, Vannetais ; les noires, les pays gallos : Rennais, Nantais, Dolois, Malouin, Penthièvre. Ce drapeau qui, je le répète, n'a jamais voulu être un drapeau politique, mais un emblème moderne de la Bretagne, me paraît constituer une synthèse, parfaitement acceptable de la tradition du drapeau d'hermines pleines et d'une figuration de la diversité bretonne. " (…) pensé et conçu par Marchal en 1923 » [22]

Que vaut la déclaration de Marchal selon laquelle « ce drapeau (…) n'a jamais voulu être un drapeau politique » ? Dans le même article, qui reproduit ce qui est, en fait, une intervention de Marchal dans Ouest-Eclair en 1937 [23], répercutée dans Breiz Atao, on lit :

« Ce nouveau drapeau, inspiré du drapeau américain, selon les témoignages, conçu par Marchal, dessiné par lui, devait être d'abord l'emblème des nationalistes bretons. » [24]

En 1923, Morvan Marchal est un dirigeant de Breiz Atao, groupe organisé autour du journal qu'il a fondé en 1919 :

« Mezeven (juin 1922). Marchal est revenu ; il va y avoir plusieurs articles " bien torchés " dans le petit journal devenu revue » [25].

Après ce retour de Morvan Marchal, en juin 1922, Breiz Atao trépigne donc de joie devant la victoire de Mussolini (en octobre 1922) et, en avril 1923, rappelle l'apport philosophique de Marchal, en 1920 :

« Imposer à un peuple une civilisation, un état d'esprit, une langue qui ne sont pas parfaitement appropriés à son génie racique, c'est l'abrutir. » [26].

Retenons bien ce qu'écrivait Morvan Marchal sur la "race" et le « génie racique », dans Breiz Atao, en mars 1920 : c'est la base de l'idéologie du mouvement nationaliste breton.

 

Le gwenn-ha-du : le drapeau de Breiz Atao

Extrait d'un site Internet, défenseur d'une Région Bretagne, et présentant le "gwenn-ha-du" :

« Il est composé de quatre bandes blanches, de cinq bandes noires et de onze hermines. Les bandes blanches représentent la Basse-Bretagne (Breizh-Izel) et les bandes noires représentent la Haute-Bretagne (Breizh-Uhel). » [27]

Nous en sommes encore aux provinces maurrassiennes : 1 drapeau, 9 "pays", 11 hermines. Nous en sommes encore à l'alliance du noir et du blanc, du noir des soutanes et des blancs royalistes. Les "pays", en fait les Évêchés d'avant 1789, sont un objectif de la décentralisation visée par Maurras [28], grande idée aux applications plus que jamais actuelles. Ce drapeau, d'abord expression du maurrassisme, devient à partir de 1925, l'un des symboles essentiels de Breiz Atao, comme le rappelle un témoin autorisé entre tous :

« (…) paradoxalement, Breiz Atao, ignoré ou rejeté par la majorité de ses compatriotes, leur imposait à son insu sa vision [note 1 - Et même son label : c'est Breiz Atao qui inventa le drapeau breton à hermines et bandes blanches et noires, symbolisant les neufs pays. (…) le drapeau qui flotte de nos jours sur les mâts et les édifices, qu'on reproduit en écussons et fanions d'autos, le drapeau, enfin, qui reçut de Gaulle à Quimper est donc le drapeau autonomiste de Breiz Atao] » [29]

C'est ainsi que dans son livre « Comment peut-on être breton », Morvan Lebesque défend longuement "l'acquis" de Breiz Atao (en dissimulant soigneusement son rôle personnel dans la fondation de la revue pro-nazie et antisémite Breiz da Zont, sa responsabilité de premier rédacteur en chef de L'Heure Bretonne pro-nazie en juillet 1940, et ses articles dans Je suis Partout jusqu'en 1943 [30]). Il rappelle longuement [31] que ce qui passe "à gauche" dans les années 1960 et après 1968, au moment où il écrit son livre, c'est, sous couvert d'anticolonialisme, l'idéologie de Breiz Atao, et le gwenn-ha-du en premier lieu, comme symbole de la "nation bretonne".

 


[21] Breiz Atao n° 83, 11/1925, p. 615

[22] Dalc'homp Soñj, n° 17, 1986, p. 22, « Morvan Marchal, 1900-1963, créateur du Gwenn ha Du », Jakez Gaucher

[23] Breiz Atao n° 288, 31/10/1937, p. 2, « Le drapeau breton »

[24] Dalc'homp Soñj, n° 17, 1986, p. 22, « Morvan Marchal, 1900-1963, créateur du Gwenn ha Du », Jakez Gaucher

[25] « Mémoires du chef breton : Fransez Debauvais », tome 1, p. 65

[26] Breiz Atao n° 52-53, avril-mai 1923, p. 2 de couverture

[28] « L'idée de décentralisation », Charles Maurras, p. 7

[29] « Comment peut-on être Breton », Morvan Lebesque, p. 167 (texte et note 1)

[30] Mémoire de maîtrise d'histoire contemporaine, Yann Férec, juin 1997 ; analysé dans Le progrès de Cornouaille, 23/08/1997

[31] « Comment peut-on être Breton », Morvan Lebesque, chapitre 6, p. 159 à 184.On trouvera une analyse de l'itinéraire de Morvan Lebesque et de son occultation du passé en vue d'une récupération « gauchiste » des thèmes de Breiz Atao sous couvert de libération des ethnies dans« Le Monde comme si , nationalisme et dérive identitaire en Bretagne » , Actes sud, 2002, pp. 239 à 242.

 

  

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