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Prenons la présentation qu’en fait Diwan dans une plaquette d’accueil :
[Document : Degemer Mat er skol Diwan Bienvenue dans les écoles Diwan]
« Dès la maternelle, les tout-petits sont accueillis en breton, même s’ils répondent en général dans leur langue maternelle, le français le plus souvent.
Au fur et à mesure, ils passeront de la compréhension à l’expression. Ils seront ainsi prêts en fin de maternelle à démarrer la lecture et l’écriture en CP en breton.
Le breton n’est pas une langue de cours, de leçon, c’est aussi une langue de vie quotidienne.
……
Une fois le breton pratique assimilé en fin de CE1, commencent deux heures hebdomadaires de français.
…En fin de cycle (CE2, CM1, CM2), les enfants passent progressivement de 2 à 7 heures de français par semaine… »
Monolinguisme absolu jusqu’en fin de CE1, et passage progressif de 2 heures hebdomadaires à 7 heures en fin de CM2.
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Dans un autre document de Diwan recopié d’Internet, on trouve un tableau des horaires dispensés qui confirme largement cette appréciation :
« CM2 : Breton : 17 h
Français : 6 h [Soit même 1 heure de moins que dans le document précédent.]
« 6ème Breton : 22, 5 h
Français : 6,5 h
Anglais : 6 h »
Soit un statut très voisin de l’anglais : celui d’une langue étrangère
« 6ème : Breton : 22, 5 h
Français : 6,5 h
Anglais : 6 h
« 3ème : Breton : 18,5 h
Français : 8 h
Anglais : 6,5 h
Allemand ou espagnol : 4 h »
La réponse est sans équivoque : c’est oui.
C’est une pratique traditionnelle des cours d’enseignement de toutes les langues. Elle est à la base de la vertu des séjours dans des familles étrangères, du recours à des correspondants, des échanges scolaires linguistiques que nous connaissons tous.
C’était la pratique en usage dans les écoles pour apprendre la langue française : une immersion linguistique tant décriée par les régionalistes. Ainsi, Raymond Jaffrezou, né en 1928 à Glomel, canton de Rostrenen, rappelle-t-il avec un certain attendrissement , ses débuts à l’école de hameau de Saint-Amand en Paule :
« Les débuts furent un peu laborieux en raison de l’interdiction de parler breton même en récréation. C’était assez drôle d’entendre la maîtresse expliquer en breton –- il fallait bien commencer par là pour notifier l’interdiction – qu’il était interdit de pratiquer le Brezoneg. » « Ca vous suivra dans votre carrière…Les mémoires d’un préfet » p. 37 (Editions des Écrivains. 2000)
Il n’y avait bien entendu aucune hostilité de la part de ces instituteurs, eux-mêmes bretonnants, à l’égard de la langue bretonne comme il l’est souvent affirmé par malveillance. Le "bannissement" du breton était la condition même de l'efficacité de l'apprentissage du français.
« Je ne peux pas dire, poursuit-il, que le passage au français ait été très difficile si ce n’est que pendant longtemps j’ai employé des tournures qui n’existaient qu’en breton et je ne serais pas surpris si aujourd’hui encore on me reprochait quelque celticisme. (…) j’appris à lire rapidement, parcourant l’abécédaire en trois mois. (…) D’ailleurs, je n’ai pas eu l’impression que parmi les sept ou huit enfants qui ont débuté avec moi il y ait eu un seul à avoir de réels problèmes pour l’apprentissage de la lecture. Pourtant aucun de nous ne parlait français et plusieurs habitaient à des kilomètres de l’école ». idem, p.38
Il est évident que le bain – l’immersion – linguistique de la langue en apprentissage est une technique efficace pour l’apprentissage d’une langue.
Si on veut, par exemple, parfaire son niveau d’anglais, une méthode assurément éprouvée est de séjourner dans un milieu exclusivement anglophone.
C’est d’ailleurs la condition de son efficacité. Le séjour en Angleterre ne sera profitable que si pendant ce séjour on s’astreint à converser avec des Anglais exclusivement dans la langue de Shakespeare…
Non seulement au niveau théorique – on ne peut pas pratiquer l’immersion pédagogique dans l’apprentissage de 2 langues – mais dans les faits, c’est bien le monolinguisme qui est pratiqué à Diwan.
Le Ministre Jack Lang reprend à son compte cette caractéristique de l’immersion monolingue comme synonyme de bilinguisme, ceci contre l’évidence même.
C’est une confusion tellement évidente qu’elle ne peut être que délibérée.
Ajoutons, et c’est bien entendu très logique, que l’immersion linguistique monolingue est d’autant plus efficace, qu’elle est radicale et qu’elle se pratique aussi hors de la classe, c’est-à-dire dans les récréations, les cantines, les loisirs. Les personnels de service – aides maternelles, agents d’entretien,… – sont également brittophones.
Et Diwan a annoncé la création d’un diplôme de BAFA (pour l’encadrement des centres aérés et de vacances) en breton.
En fait donc l’accompagnement obligé de l’immersion monolingue c’est la séparation d’avec les autres enfants.
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