

Libération
SOCIETE, vendredi 1 décembre 2000, p. 25
Front uni pour les «prisonniers
politiques».
Les militants nationalistes basques, corses et bretons exigent le
rapprochement.
CHALANDON
Sorj
«Nous
exigeons la libération immédiate d'Olivier Sauli.» L'homme qui parle
s'appelle Jean-Mari Poli. Porte-parole du Comité antirépressif corse, il
occupe aujourd'hui la chaise de celui dont il réclame la mise en liberté.
«Pour des raisons d'actualité, la composition des intervenants à la
conférence de presse se verra quelque peu changée», indique pudiquement le
carton d'invitation. Sauli et quatre autres militants corses ont été
interpellés mardi. Et Poli le remplace. A côté de lui, Pantxo Belin et Koldo
Gorostiaga. Ils sont basques.
Député européen. Le premier représente la «coordination des comités
de soutien aux prisonniers politiques basques», le second est député
européen pour la coalition Euskal Herritarrok, proche d'ETA militaire. A la
même table encore, Beltram
Deleon,
porte-parole du Comité antirépression breton, constitué pour défendre les
militants détenus préventivement dans l'affaire du vol d'explosifs de Plévin
et de l'attentat meurtrier du McDonald's de Quévert. Ainsi, pour la première
fois, autour du thème «regroupement des prisonniers politiques dans des
établissements proches de leur domicile», Corses, Basques et Bretons
présentent un front commun. Pas question ici d'évoquer les particularismes
ou les divergences de stratégie liées aux trois situations politiques.
Simplement, comme le dit Gérard Romiti, élu Corsica Nazione à l'Assemblée de
Corse, «le problème des prisonniers est la condition sine qua non à tout
règlement». Ce qui, en basque, donne: «Le respect des droits des prisonniers
ouvre la porte à la résolution politique de ces conflits.» Evoquant
l'exemple nord-irlandais, et le rôle central joué par les détenus des deux
camps lors des négociations de paix, les Corses affirment que leurs
prisonniers ont toujours été au coeur des discussions de Matignon et
qu'au-delà du «rapprochement», prenant pour image le «paiement des jours de
grève», c'est bien d'amnistie dont il faudra débattre en toute fin.
Amnistie, mais pour qui? «Pour tous.» Quand le problème du «crime de sang»
est posé, la réponse tombe, sèche. «Nous apportons notre soutien
inconditionnel au commando Erignac», dit Jean-Mari Poli en illustration,
«cette opération était un acte politique et patriotique.»
Manif à
Nice. Pour l'heure, et tandis que les quelque 150 prisonniers
représentés à cette table se relaient en grève de la faim et mouvements
divers derrière les barreaux, les trois associations fédérées ont décidé
d'organiser une semaine de soutien aux prisonniers et d'être présentes lors
du sommet européen de Nice, pour une manifestation sous la banderole commune
du «rapprochement». «Si le gouvernement n'est pas capable de regrouper nos
trente prisonniers à Borgu, gronde encore Poli, rétablir l'Etat de droit en
Corse sera mission impossible.».
Catégorie :
Société et tendances
Sujet(s) uniforme(s) :
Nationalisme; Terrorisme et
assassinats politiques
Sujets - Libération :
BRETAGNE; COMITE DE SOUTIEN;
CONFERENCE DE PRESSE; CORSE; DETENTION (EMPRISONNEMENT); DETENU; GREVE DE LA
FAIM; NATIONALISME; PAYS BASQUE FRANCAIS; PRISONNIER POLITIQUE; REGROUPEMENT
Type(s) d'article :
ARTICLE
Édition :
QUOTIDIEN PREMIERE EDITION
Taille :
Moyen, 337 mots
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Doc. :
news·20001201·LI·0773
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