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| Dans un « groupe de discussion » sur Internet (« fr.soc.breton »), est parue cette contribution dun participant, opposé à la ratification de la Charte. Cette contribution me semble dautant plus intéressante que le point de vue de son auteur (qui nest pas le mien), est dintervenir pour une évolution positive de lUnion européenne : « Par contre il applaudirait des deux mains une harmonisation EUROPEENNE, en fonction des niveaux de vie encore disparates, des aides accordées aux exclus - pour ne parler que de ce sujet - , qui serait un signe tangible qu'une véritable citoyenneté européenne, que j'appelle de mes vux, se met en place. » Voilà donc sa position : « Europe des Régions : avancée des murs ou régression sociale ? On a souvent entendu parler, autour du débat sur l'adoption prochaine - si les socialistes remportent la présidentielle - de la Charte des Langues Régionales, d'une évolution vers une "Europe des Régions" censée représenter la panacée en matière de respect des cultures, de modernité, de démocratie. Or, sans être de nature spécialement soupçonneuse, on peut se poser la question de savoir quelle est la motivation des hauts fonctionnaires européens qui tentent d'imposer cette régionalisation - commençant par la reconnaissance officielle des langues régionales -, fonctionnaires d'habitude plus prompts à faire pression pour déréglementer les législations sociales et à dénoncer les "rigidités" et "archaïsmes", qu'à s'occuper du bonheur des citoyens européens, lesquels pâtissent, par le chômage et la précarité, des politiques économiques et sociales suivies. Ce soudain accès d'intérêt pour une question à priori non économique (la "préservation des cultures régionales") serait-il une manière pour ces fonctionnaires européens, de redresser leur image "sociale" déplorable ? Ou mue par un intérêt sincère pour la préservation de telle ou telle langue ou folklore ? L'histoire récente nous a appris que les questions identitaires sont, entre toutes, celles qui se prêtent le plus facilement aux manipulations. Et les spécialistes les plus honnêtes des cultures régionales le reconnaîtront sans peine : trop souvent, ces questions ont servi de masque à des positions réactionnaires, comme frein aux idées et aux avancées sociales remettant en cause les privilèges d'une petite minorité. Aussi, il convient de s'interroger si la promotion d'une "Europe des Régions" et la présentation de la Charte des Langues comme une avancée des murs ne recouvre pas, là encore, une telle manipulation. Car force est de constater que nombre des "rigidités" sociales que des fonctionnaires européens ultra-libéraux souhaitent voir disparaître, afin d'obtenir une supposée meilleure efficacité économique, trouvent aujourd'hui leur organisation et leur sens dans le cadre des Etats-nations, et non des régions. Les mécanismes de solidarité qui jouent alors, au sein des régions mais aussi entre les régions d'une nation, ne peuvent bien souvent être viables économiquement que sur une large échelle. Ainsi un système d'enseignement public et gratuit, une Sécurité Sociale, un système de retraite ne laissant personne dans le dénuement, un réseau public de moyens de transport, soumis à l'intérêt général et non à des intérêts pécuniers privés, sont aujourd'hui des exemples d' "archaïsmes" qui prennent aujourd'hui leur racine dans un système de solidarité élargie à plusieurs dizaines de millions de personnes, et qui pourraient être menacés par une "régionalisation" des solidarités et des intérêts. L'objectif visé serait-il alors, pour les fonctionnaires européens, de casser les solidarités prenant place au sein d'États-nations, d'éliminer progressivement certaines conquêtes sociales appliquées à cette échelle, afin d'y substituer plus facilement un système social où la privatisation des intérêts régnerait en maître, et où les solidarités nationales amoindries par une régionalisation croissante des solidarités et des intérêts auraient cessé d'entraver la marche vers le libéralisme économique à tout va ? "Diviser pour régner" en quelque sorte ? »
Cela permet daborder létude de ceux qui se mettent en avant, et sont propulsés en première ligne, pour la mise en uvre de la « Charte des langues régionales ». |
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