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Henri Fréville explique comment Roparz Hemon veut utiliser un livre de Yann Sohier pour l'enseignement du breton. Yann Sohier était un instituteur considéré comme laïque et marxiste, organisateur de Ar Falz, lié au PCF et à Marcel Cachin, et constamment considéré comme des leurs et défendu comme tel par le groupe Roparz Hemon – Mordrelle – PNB :
« Le recteur y estimait que ce livre était à recommander pour ses qualités pédagogiques. Il posait néanmoins une condition à son introduction dans les classes ; c'est que disparût du texte d'introduction la phrase suivante : ' Bien qu'il soit mort [Yann Sohier] il contribuera à conduire les jeunes générations vers la victoire des Celtes qui se seront définitivement relevés après des siècles de honte et d'esclavage. ' (...)
La réaction de Roparz Hemon se traduisit, sans tarder, dans Arvor du 26 juillet :
' ... Ce n'est pas sans inquiétude, y écrit-il, que nous voyons nous, Bretons, en l'an 1942, un fonctionnaire chargé de veiller à l'éducation de nos enfants s'effaroucher d'une phrase aussi anodine. L'histoire de Bretagne, croyons-nous, est au programme des écoles et, obligatoirement, les petits Bretons doivent apprendre que les Celtes ont subi plusieurs siècles de honte et d'esclavage, depuis le temps où feue Marianne livrait notre pays à ses juifs. il ne s'agit pas de ' politique déplacée ',. Il s'agit de vérité à ancrer dans l'esprit de nos enfants et plus souvent elles leur seront répétées, mieux cela vaudra... ' (...) » 87
Pour les incrédules, il suffit d’aller dans une Bibliothèque publique, ou aux archives Départementales, pour vérifier.
Et, comme « vérité à ancrer dans l'esprit de nos enfants », qui l’ancre aujourd’hui, avec le thème du « génocide culturel » débutant avec la Révolution française de 1789 ?
Il s’agit là d’opinions « banales », dans le milieu de Hemon. Morvan Marchal, fondateur de Breiz Atao, créateur du drapeau « Gwenn-ha-du », présenté comme reclassé « à gauche », contribue au "débat", à l’automne 1943, dans sa revue Nemeton (« Revue d’Études druidiques ») :
« Plus exactement, en 1943, c’est la Gaule, enrichie au cours des âges de sang germanique beaucoup mieux que latinisée, livrée pieds et poings liés par les hommes de Vichy aux gens d’Église. (…)
Ce sont les camps de jeunesse soumis à l’autorité effective des aumôniers romains ; c’est la corporation paysanne, qui devait être un des plus solides fondements de l’État socialiste de demain, devenue une simple succursale du presbytère. (…)
C’est enfin Marcel Déat, qui, dans son discours de juillet 1943, met magnifiquement au point la situation religieuse actuelle et la position respective que devrait avoir l’Église catholique et l’État (…)
Quant à la presse bretonne, si nous mettons de côté le courageux Stur (…), elle est toute entière inféodée à l’épiscopat romain. (…)
(note 2) Le signataire de ces lignes, Morvan Marchal, est en effet rapporteur jusqu’ici de la section d’architecture au sein de l’Institut Celtique. (…)
Là encore, le III e Reich d’Adolf Hitler, en donnant aux Églises leur place, et rien que leur place, indique la juste voie. Pour nous autres Celtes, à Rennes comme à Vichy, - mais combien y a-t-il de Gaulois à Vichy ? – nous ferions pas mal de regarder un peu à l’Est. C’est de l’Orient, une fois de plus, que nous vient la lumière. (…)
Maintenant que le combat est en cours, que la contre-révolution et la révolution se tiennent à la gorge en un titanesque combat, nous avons vu que l’œuvre fondamentale des hommes de Vichy a été d’ouvrir toutes grandes les portes de l’État à l’Église romaine. (…)
Une chose est certaine : tous les États autoritaires d’Europe ont dû adopter une législation d’exception concernant les juifs. En Allemagne, cette législation est fondée, d’une part, sur les principes ethno-eugéniques formant la base de la communauté germanique ; d’autre part sur le rôle économique purement parasitaire que joue l’Israélite au sein de la société (…).
Vis-à-vis de ce problème, convenablement posé, comment va agir Vichy ? M. Xavier Vallat, commissaire général aux questions juives, l’examinera d’un point de vue confessionnel purement chrétien : … Le peuple juif est aussi la race maudite que le DEICIDE, collectivement consenti, a condamné à ne plus avoir de patrie et à errer à travers le monde (Gabriel Malglaive, Juif ou Français, Éditions C.P.R.N., dans la préface de Xavier Vallat, p 5). (…). Nous attendons de Vichy une loi complémentaire (…)
Il nous faut conclure. Le judaïsme jugulé, la maçonnerie détruite, l’État français va-t-il enfin connaître sa liberté d’action ?
(…) prenez garde, messieurs de Vichy, tout aux ordres, trop aux ordres de la nonciature, de tresser une couronne de martyr au pauvre franc-maçon amateur de relations et de prébendes, de nimber d’une auréole de victime le front bas du boursier juif, requin de finance. (…)
Et il y a autre chose, mieux, beaucoup mieux à faire. Faire la Bretagne nouvelle, la France socialiste, l’Europe unie. En finir avec les guerres civiles entre peuples frères. (…) La France n’est latine que par hasard, par raccroc, par défaites, en réalité elle est celte, germanique pour les trois-quarts dit Céline (L’École des Cadavres, Denoël, 1938, p 284). Si la France et l’Allemagne, unies sous l’emblème de la Roue solaire, voulaient rendre à la vie souterraine, dit Montherlant (Le Solstice de Juin, Grasset, 1941, p 307), le temps d’une saison ou deux, la saison de Constantin… Mettre en sommeil le christianisme. (…)
Morvan Marchal, Artonovios, septembre 1943 » 88
Pour compléter le tableau : « Journaux et revues en relations d’échange avec Nemeton : Stur, O. Mordrel (…) ; L’Ethnie Française, revue de doctrine ethno-raciale ; (…) Revivre, le grand magazine illustré de la race (…). » 89
Au bout de ce répugnant « morceau de bravoure », il faut préciser qu’on trouve à l’Institut Celtique de Roparz Hemon, outre Morvan Marchal 90, par exemple René-Yves Creston 91, ou J. Poupinot 92, nom connu d’après-guerre. Il faut préciser que la « Roue solaire » de Montherlant est la Swastika. Et il faut préciser que l'on trouve également à l'Institut Celtique les signataires de Stur, la revue nazie du nazi Mordrelle : Youenn Drezen, Jean Merrien, Abeozen, Berthou, Yann Bricler, " Yann Kerberio " (pseudonyme de Yann Fouéré), Florian Le Roy, Tassel, au moins.
87 Henri Fréville, Archives secrètes de Bretagne 1940-44, p 100-101
88 Nemeton n°5, automne 1943, p 143-151
89 Nemeton n°5, automne 1943, 3ème de couverture
90 Archives de l’Institut Celtique de Bretagne, Cahier n° 1, mai 1942
91 Archives de l’Institut Celtique de Bretagne, Cahier n° 1, mai 1942
92 Archives de l’Institut Celtique de Bretagne, Cahier n° 2, mai 1943
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