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Dans les fondateurs, des maurrassiens de lAction Française :
« Immédiatement après la fin de la guerre, ils publient le premier numéro dune nouvelle revue, Breiz Atao (« Bretagne Toujours »), en janvier 1919. Les premiers fondateurs : Camille Le Mercier dErm, Job Loyant, Prado, Job de Roincé, viennent du P.N.B. et des milieux aristocratiques ou maurrassiens, de même quun nouveau venu, Morvan Marchal. Ils sont rejoint bientôt par des jeunes intellectuels : Yann Bricler, Olivier Mordrelle, Fanch Debauvais, qui prennent un ascendant rapide dans le mouvement » 35
Ce que confirme Mordrelle lui-même, fils du général Mordrelle :
« A lorigine, plusieurs des premiers adhérents de B.A. (Breiz Atao) venaient de LAction Française (organisation de Maurras). Ils sen séparèrent très vite, lincompatibilité étant totale entre les deux nationalisme. » 36 La séparation date daprès 1922, pour le « celtisme » - « nordisme », et il faut préciser sur quel terrain.
En effet, quand le fascisme triomphe à Rome, en 1922, les cris de joie sont en face dune citation de Maurras. 37
Mordrelle rappelle la réflexion en 1910 : « Il nous manque un théoricien, un Maurras ». 38
Quel est le moule maurrassien originel de Breiz Atao ?
Prenons la définition dun groupe maurrassien, trouvée sur Internet :
« I. "Pays réel / pays légal" : pour Maurras, le régime républicain, ses administrations hyper centralisées, ses partis politiques et ses soutiens idéologiques forment un "masque grotesque", tyrannique et inefficace, le "pays légal", qui est artificiellement superposé au "pays réel", le pays qui "travaille et qui vit", ce que l'on appellerait aujourd'hui la société civile. A l'opposé de cette "démocratie" jacobine, Maurras propose une large décentralisation et une autogestion des problèmes locaux, non par une classe politicienne départementale ou régionale mais directement, par les acteurs sociaux. La monarchie, au sommet de l'État, servirait de fédérateur au-dessus de cette diversité, d'où la formule : "l'autorité en haut, les libertés en bas". » 39
Après cette exacte définition de la « subsidiarité » et de " lEurope des Régions " du Traité de Maastricht, voyons une autre présentation :
« b / Le nationalisme intégral et monarchiste est un nationalisme intransigeant, restrictif, exclusif. Ce nouveau nationalisme est épuré de toute référence au principe démocratique, exempt de toute infiltration populaire. On note une conception hiérarchique de la société et respectueuse des supériorités. Le néo-royalisme est plus jeune, plus combatif. L'idée monarchique n'est pas morte. Le nationalisme les a conduits à la monarchie. Ce qui lie les nationalistes intégraux est une hostilité à la centralisation jacobine, un attachement à la restauration des libertés locales, la défense et la reconstitution des corps intermédiaires. L'Action Française épouse les lignes maîtresses du système politique et social des ultras : les accents d'un gallicanisme anticlérical assoupi avec le premier orléanisme : l'anticléricalisme gallican se réveillera après 1926. La formation représente dans des proportions inégales une synthèse de toutes les droites de ce temps. En 1900, un jeune journaliste nationaliste, Charles Maurras présente une Enquête sur la monarchie qui constitue probablement selon Raoul Girardet " la dernière des grandes utopies du XIXème ".La philosophie de Maurras est inlassablement diffusée jusqu'en 1944 par le quotidien et le mouvement suscité par cet organe.
Cette pensée délibérément réactionnaire imprègne fortement une partie de l'opinion française, et exerce une influence non négligeable dans plusieurs pays voisins.
Maurras critique l'égalité, le principe de l'élection et rejette le parlementarisme qui, selon lui, affaiblit l'État livré aux querelles des partis, des clans et aux intrigues personnelles.
Bases d'une vaste construction doctrinale, où la démocratie se trouve condamnée au nom de l'histoire, de la science et de la raison et la restauration d'une monarchie " héréditaire, traditionnelle, antiparlementaire et décentralisée " présentée comme la condition nécessaire du salut national. » 40
Il suffit donc dôter la Monarchie, de la remplacer par le « Celtisme » de « lélite », en y ajoutant le nazisme « Nordique » de « lEurope Nouvelle », (dès 1924 ?), pour pouvoir « rompre » avec Maurras, et conserver lessentiel.
Lajout original, qui peut être attribué à Roparz Hemon, est le rôle de la langue, pour encamisoler la population, sur la base de la sélection dune élite. Il sagit là de lhéritage de lURB et du PNB davant 1914, aristocratiques et cléricaux, qui connaissaient la recette pour garder la population sous leur coupe.
Comment un mouvement maurrassien de la pire espèce pourrait-il devenir « progressiste » ?
35 Michel Nicolas, Histoire du Mouvement Breton, p 74
36 Olier Mordrel, L'Idée Bretonne, p 148
37 voir Comment Roparz Hemon apparaît dans Breiz Atao, en 1922
38 voir Le programme " linguistique " de Breiz Atao, défini en 1923 : l'épuration linguistique
39 Cercle Anthinéa, à Lyon : http://members.aol.com/thidal/doc.htm
40 Nicolas CHALMIN Licence d'Histoire Université d'Artois ARRAS Mars 1998, Exposé dans le cadre du module " Histoire Générale Moderne et Contemporaine ", http://home.nordnet.fr/~pchalmin/RegHist/Actionfr/Actionfr.htm
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