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| Comment Roparz Hemon " hérissa les vrais bretonnants ", paysans bretons quil méprisait
En quoi Roparz Hemon et ceux qui sen revendiquent peuvent-ils prétendre représenter la population de langue maternelle bretonne ? Examinons cela avec Michel Nicolas, qui a écrit une Histoire du Mouvement Breton, favorable au « Mouvement Breton », mais voulant en éliminer l'héritage de Roparz Hemon, quil renomme « Louis Némo », de son vrai nom (« Hemon » étant en fait « francisant », cest à dire ayant le français comme langue maternelle) : « Celle qui est le plus citée en exemple comme modèle de revue littéraire revalorisant la langue bretonne est Gwalarn, animée par Louis Nemo (Hemon), un néo-bretonnant (on désigne ainsi une personne dont le breton n'est pas la langue maternelle, qui a donc appris le breton) apôtre d'un breton unifié s'adressant à une élite . Le "premier et dernier manifeste de Gwalarn en langue française" est révélateur de la distance que L. Némo (Hemon) introduit avec les bretonnants et du mépris dans lequel il les tient : Revue littéraire destinée à l'élite du public bretonnant... pour la première fois une revue bretonnante présentera exclusivement à des lecteurs instruits des articles faits pour eux... travaux d'une irréprochable tenue littéraire, et fermant la porte aux patois (même décorés du nom de dialectes)... déclencher un mouvement de l'élite bretonnante Gwalarn n°1, mars 1925, (...) le manifeste est signé de Némo (Hemon) et Mordrelle (...). Hormis le fait que cette position de Gwalarn cadre exactement avec l'idéologie nationaliste (il s'agit de constituer une langue nationale ), cette revue ne peut être expliquée que par la personnalité de ceux qui l'animent et des quelques dizaines de personnes qui la lisent. Olivier Mordrelle ne s'y est pas trompé, en brossant le tableau suivant de L. Némo (Hemon) : Il s'enferma dans Gwalarn comme un chevalier dans la tour du guet. Comme Valéry, il était mathématicien et fit de son breton un instrument sec et précis qui plut aux francisants et qui hérissa les vrais bretonnants. Il organisa l'action linguistique sur les lignes d'un schéma glacial et aux prix d'un travail surhumain, régulier comme celui d'une machine . (Jean La Bénelais (alias O. Mordrelle), Galerie Bretonne, édité par la revue "La Bretagne Réelle" en 1954) On imagine, si le breton de Némo (Hemon) ne plait qu'aux francisants (!) et hérisse les vrais bretonnants de l'Emsav lui-même, la distance où se tient ce breton littéraire vis-à-vis du peuple bretonnant ! Le manifeste précité de Gwalarn n'en fait d'ailleurs pas mystère : L'avènement de Gwalarn marquera en Bretagne, dans le domaine littéraire, ce que l'avènement de Breiz Atao a marqué dans le domaine politique : réaction violente et raisonnée de la jeunesse cultivée contre les modes surannées et la fausse paysannerie mise à l'honneur par le régionalisme. Il s'agit de savoir s'il existe en Bretagne un public assez instruit du breton pour pouvoir comprendre la langue littéraire (aussi distincte du langage du paysan breton que la langue de M. France l'est de celle du paysan français) » 14 Il est important de préciser que le Manifeste de Gwalarn est co-signé par Hemon et Mordrel, pour la compréhension des rôles à venir. 14 Michel Nicolas, Histoire du Mouvement Breton, p. 86
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