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Les originaux sont photocopiés. Certains des extraits d’Arvor qui suivent (relevés entre juin 1941 et juillet 1942) sont cités ailleurs dans cette étude, mais il faut les rapprocher, pour une vision d’ensemble,
" La Troisième République française a répandu dans le peuple une culture basée sur la mystique de la Révolution de 1789, revue et corrigée par le parti radical, avec, cela va sans dire, la collaboration des Juifs et des Loges ; culture où la morale, surtout négative, veut échapper aux dogmes religieux, où les sciences dites exactes prennent le pas sur les sciences d'observation, où l'histoire obéit aux concepts jacobins, où la littérature se réclame du monde gréco-latin " Pendaran, juin 1941 76
Tout le reste de l'article est à lire, et sur le même terrain nazi que « Stur ».
" Le Breton à l'École
6) Les membres de l'enseignement qui n'auront pas satisfait aux épreuves du Trec'h Kentan et du Trec'h Meur dans les délais voulus se verront retirer le droit d'exercer leurs fonctions en Basse-Bretagne " Pendaran, août 1941 77
" Il n'y aura pas de tranquillité en Bretagne tant que les droits de notre langue bretonne seront méconnus. Veut-on provoquer des troubles ? Veut-on faire passer la question sur le plan international ? Si le gouvernement tarde encore à nous rendre justice, force sera peut-être à d'autres de trancher le différend. Messieurs de Vichy, Carcopino et autres, n'oubliez pas qu'il y a des juges... où vous savez. " Pendaran, septembre 1941 78
Cet extraordinaire chantage au nazisme montre le grammairien n'est jamais très éloigné des groupes de choc, Gwen-ha-Du pour commencer.
En exergue, une citation de Maurice Barrès :
« ‘ On s’attache, comme à plaisir, à relâcher, à briser tous les liens qui rattachent aujourd’hui l’enfant et demain l’homme, à sa terre. Leur langue maternelle, ils ne la parlent plus… On leur apprend à la mépriser, et, ce faisant, on ne s’aperçoit pas que ce ne sont pas des mots qu’on détruit, mais des affections vivaces et des manières profondes de sentir. ‘ Maurice BARRES. Cité par « Breiz », le 18 sept. 1932. » novembre 1941 79
" Kefridi ar vrezhonegerien (en breton)
La Bretagne n'a qu'une langue : le breton. Le français n'est qu'une langue étrangère. Malgré qu'il soit, et qu'il sera encore utilisé parmi nous, bannir le français est notre but. Tant qu'il restera un Francisant dans notre pays, ce sera un de trop " Roparz Hemon, juin 1942 80
Mieux vaut ne pas traduire Arvor...
" Je pose ma candidature comme président de l'Institut Celtique. Mais il est deux points sur lesquels je ne veux tromper personne :
1° J'ai consacré ma vie à la lutte pour la langue bretonne. J'entends, si vous me nommez président, lui donner au sein de l'Institut la place la plus grande possible, tout en tenant compte des réalités et des désirs légitimes des francisants qui constituent la majorité dans certaines branches de notre vie culturelle.
2° Je me déclare, me tenant sur le strict terrain culturel, qui est le notre, partisan d'une collaboration loyale avec les peuples qui façonnent, sous nos yeux, l'Europe nouvelle. " Roparz Hemon, juin 1942 81
Qui veut être trompé, aujourd'hui ? S’ajoute à « l'Europe nouvelle », la duplicité cynique sur les « francisants ».
" Celtes, par Philéas Lebesgue
Comment la France peut-elle concevoir de renaître selon son propre génie, si elle s'obstine à perdre le sens de ses origines, si elle ne sait de quel SANG elle est issue, si elle ne se tourne pas d'abord vers la Bretagne, qui est demeurée l'ARCHE SAINTE DU CELTISME SUR LE CONTINENT. " juin 1942 82
Les grasses majuscules sont de la plume du « poète paysan », salué comme tel par Arvor, « poète paysan » écrivant aussi dans la revue nazi Stur du nazi Mordrelle (n° 13, avril-juin 1938, p 35-38).
" ' Me a lenno ' dans les écoles
L'histoire de Bretagne, croyons-nous, est au programme des écoles, et obligatoirement les petits Bretons doivent apprendre que les celtes ont subi plusieurs siècles de honte et d'esclavage, depuis le temps où les légions romaines débarquaient dans l'île de Bretagne jusqu'au temps ou feue Marianne livrait notre pays à ses juifs (...) " Pendaran, juillet 1942 83
Voila citée la citation qui a été plusieurs fois reproduite, et éventuellement présentée comme isolée, ou venant un anonyme pseudonyme inconnu84.
Cette dernière citation est reprise par Henri Fréville 85.
Le n° 84 bascule entièrement en breton.
Du n° 89 au n° 117, reportages réguliers sur les hauts faits des armées nazies, avec photographies. Après, il doit y avoir un accord avec la Propaganda Staeffel, convenant que le « grammairien » est plus utile.
76 Arvor n° 22, 1er Juin 1941
77 Arvor n° 34, 24 août 1941
78 Arvor n° 36, 7 septembre 1941
79 Arvor n° 47, 23 novembre 1941
80 Arvor n° 74, 7 juin 1942, traduit par Ronan Calvez, Département de Celtique, Université de Bretagne Occidentale, Brest : "Le réenchantement d'un monde. Mouvement breton, nazisme et émissions de radio en breton ", Colloque à l'Université Humbolt de Berlin, 28/03/1998, p 132-133
81 Arvor n° 75, 14 juin 1942
82 Arvor n° 76, 21 juin 1942
83 Arvor n° 81, 26 juillet 1942
84 voir Qui ose défendre le " breton unifié " de Roparz Hemon ?
85 voir Un programme raciste et antisémite en 1942
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